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Santé

La rubrique Santé concerne toutes les actions que nous menons tant au Népal qu'au Ladakh. Deux projets représentent l'essentiel de notre aide depuis 10 ans :

  • TP/INR : clinique mobile au Népal
  • Camps de santé à Chimding (district de Kerung)

 

Camp de santé 2017 (2)

Articles - Image d'intro

Marie ayant très bien fait le compte-rendu des trois journées de soins à l'école de Kerung, je souhaite juste vous faire part de mes observations, pour améliorer et optimiser un futur camp de soins dentaires, si EPICEA l'envisage.

Marie-Odile

Médicaments

Comme lors du précédent séjour, il nous a fallu insister pour montrer que nous avions les mêmes molécules et les mêmes dosages que chez eux, à savoir trois médicaments :

  • amoxicilline 500mg
  • paracétamol 500mg
  • ibuprofène associé au paracétamol dans le même comprimé

La DCI (Dénomination Commune Internationale) sur les boîtes permet de ne pas faire de confusion. Par conséquent, si nous pouvons obtenir un don suffisant de médicaments récupéérés auprès des officines françaises, cela peut faire une économie non négligeable. En 2015, le budget des médicaments népalais demandé par Sukman était d'environ 900 euros.

La présence de la pharmacienne népalaise et de son assistante étaient bien venue pour expliquer la prise des médicaments.

Matériel de soins

Grâce à nos techniciens qui ont déployé des trésors d'ingéniosité, sous la direction de Jean-Pierre, et avec l'aide de népalais, notamment le jeune Pemba Cherri (bibliothécaire et professeur d'anglais au primaire), l'unité de soins apportée de France a pu fonctionner sur la deuxième partie du camp ; très, très appréciable pour l'aspiration lors des extractions, et surtout soins de caries possible, ce qui était un des objectifs de ce camp.

Quant à l'unité de soins et son compresseur, prêtés à Durga Sitaula, jeune dentiste népalaise, par son manager, elle requerrait trop de puissance électrique et de toute façon ne disposait pas de la seringue air/eau, ni des pièces à main et turbines permettant les soins ; de plus elle n'était pas vraiment {propre} , ni en état de marche jusqu'à ce que nos techniciens s'en occupent avant notre départ de Katmandou.

Mon seul regret : avoir finalement renoncé à l'achat d'un groupe électrogène, me fiant aux informations népalaises sur la puissance électrique et le voltage disponibles à Kerung.

A l'avenir, je pense:

  • qu'il nous faut compter complètement sur nous-même concernant les éléments sur lesquels nous n'avons pas la main afin d'être plus rapidement opérationnel
  • être plus directif sur la participation népalaise ; lors de l'entrevue à Katmandou avec le patron de Durga, le Dr Barun Jha (avec lequel j'avais correspondu) pensait que c'était suffisant au vu de notre matériel. Or il faut une certaine quantité d'instruments pour permettre un temps de décontamination suffisant et beaucoup de petit matériel et de matériaux pour réaliser des soins dentaires. De fait Durga avait juste les seringues et la solution nécessaire pour les anesthésies et une boîte de gants (pas de masque, de frontale etc...).

Et le matériel et/ou les produits, instruments fournis doivent être en état de fonctionnement. D'autant que Durga et son assistante Moni Sha sont dynamiques et très motivées pour renouveler cette expérience; et peut-être motiveront-elles des amis pour prendre soin de leurs compatriotes !

Installation du cabinet dentaire de campagne

Compte-tenu des locaux mis à notre disposition, notre installation était très fonctionnelle (dans deux locaux successifs) et la plus respectueuse possible de conditions d'hygiè¨ne satisfaisantes grâce à Marie-Paule et Christiane reconverties en assistantes dentaires très qualifiées.

Le plateau technique des instruments était commun pour nos deux postes de soins ; Véronique et Moni Sha ont été d'une grande aide, pour nous dentistes...habituées à des installations plus complètes ! Roger a réussi le tour de force de ne laisser entrer les patients qu'au compte-goutte pour permettre un travail plus serein et plus concentr' !!!

Ayu, qui se débrouille en népali, a montré, remontré, expliqué comment et quand se brosser les dents, démonstration à l'appui. Elle a été d'une grande aide pour déstresser les anxieux.
Compte-tenu de mon vocabulaire népali restreint d'une trentaine de mots, j'ai beaucoup apprécié l'aide des traducteurs, Sukman, Pembé Cherri et le médecin népalais du dispensaire de Kerung.

Poste remise des kits de brossage, fiches de relevé des soins 

Ces fonctions ont été tenues par Christiane et Marie avec constance et efficacité.

Patients

De tous âges (3 ans à 76 ans), plus de femmes que d'hommes; d'une grande patience, attendant leur tour, revenant le lendemain quand tous les soins n'étaient pas réalisables le même jour), reconnaissants d'être soulagés ...et acceptant les soins sans broncher, ni bouger, ni râler, soucieux de voir leurs enfants soignés.

Le sourire épanoui de la jeune fille de 16 ans se regardant dans un miroir, après les soins (et que Sukman a dû pousser pour qu'elle accepte de faire soigner les caries de ses dents de devant), qui est restée allongée patiemment pendant 50 minutes vaut toutes les récompenses !

Mais certains sont repartis (70 selon Sukman) et n'ont pu être soignés faute de temps suffisant. Il est difficile d'évaluer à l'avance le nombre de patients ...sans carnet de RDV. J'avais bien tenté au fil des mails envoyés à Sukman, d'avoir une estimation ; réponse un peu plus qu'à  Chimding}. Or à Chimding en 2015, le projet était un camp de dépistage et démonstration brossage dentaire pour les enfants de 3 à 16 ans. Et de fait même si nous avons réalisé des extractions (un peu chez les enfants et surtout chez les parents accompagnateurs), plus de la moitié des enfants que j'ai examiné présentaient un état buccodentaire très satisfaisant.

A Kerung, le message était différent : camp de soins dentaires pour ceux et celles qui ont eu mal aux dents, ont des caries ou des dents cassées .... Et de fait Durga et moi n'avons vu aucun patient pour un simple contrôle .... tous avaient besoin de soins!!! parfois une extraction, et une ou deux caries....parfois beaucoup de caries et dents à extraire dans une même bouche. Par conséquent, le temps à consacrer par personne n'est pas le même.

Dans un tel contexte, les extractions sont les actes prioritaires, en raison du risque potentiel d'infection à distance pour les valves cardiaques (en cas d'endocardites infectieuses, la valve aortique devient défectueuse et doit être remplacée sous peine de décès); ce qui nous relie à l'action d'EPICEA pour le suivi des patients opérés par le Dr Koirala, l'achat des bandelettes pour tester le dosage de l'anticoagulant.

Je ne m'attendais pas à autant de besoins ? Et Véronique a eu un moment de découragement à la fin du second jour : nous ne faisons qu'extraire des dents, quand soignerons nous des caries?} Heureusement le troisième jour a été en grande partie consacré à des soins conservateurs.

Et en même temps j'ai remarqué la présence beaucoup plus importante dans les lieux de vente, ou chez des habitants  de boîtes HARIBO et de sodas sans le mode d'emploi. Bien sûr un bonbon de temps en temps et toujours bien se brosser les dents le soir et le matin après déjeuner ; je ne sais pas si vous avez remarqué  que beaucoup se lavent les dents après la petite toilette matinale et avant manger, rarement le soir. Ceci explique peut-être le nombre de caries sur dents définitives, que j'ai vu chez des jeunes de 15-16 ans.

D'où l'importance d'une assistante qui explique tout cela et pourrait par exemple trouver un relai en la personne d'un enseignant (comme chez nous).

Bilan en chiffres des 2 dentistes

  • nombre de patients consultés : 134
  • extractions réalisées : 104 (dents de lait et permanentes)
  • caries soignées : 35
  • détartrages : 15
  • HTA : 9 cas relevés par moi-même ; Durga n'a pas noté
  • dents à extraire ou à soigner, qui ne l'ont pas été, faute de temps :  environ 175 soit plus que ce qui a été soigné

CONCLUSION

Je vous redis à quel point, je suis émerveillée qu'un groupe de personnes, n'ayant jamais travaillé ensemble, dans ce domaine d'activité un peu particulier, hormis les 2 dentistes et leurs assistantes, ne se connaissant pas auparavant pour certains, de culture et de langue différentes, enthousiastes et motivées par ce projet, mettant leurs ressources en commun ont contribué à la réussite de cette action, et le plus important dans la joie et la bonne humeur !

Sur un plan pratique, si EPICEA  souhaite reconduire un camp de santé dentaire dans le district de Kerung, je pense qu'il faudra davantage de jours (au moins 5 à 6 jours complètement fonctionnels, + préparation ; 1/2 journée) et avec :

  • au moins une assistante dentaire par praticien, 
  • une aide pour la décontamination-nettoyage, 
  • une aide (de préférence parlant népali) pour le brossage, consignes alimentaires etc...
  • une aide pour kits brossage, accueil etc , 
  • et un technicien.

Il faudrait que Sukman puisse informer : jour 1 les habitants du village sherpa.; jour 2 : les habitants de... etc... pour éviter aux népalais des heures de marche ... pour s'en retourner sans avoir été soigné.

Quant au matériel nécessaire à apporter pour une telle opération (dentifrices, brosses, nécessaire pour soigner etc), cela a représenté, avec les consommables apportés par Marie Paule, environ 75 à 80 kilogrammes, la table de soin 18 kg hors emballage est restée à Chimding.

- Question : est-il envisageable de renouveler à  chaque fois un tel acheminement de matériel et produits... ce qui m'amène à la réflexion (ou à la rèverie) suivante : et si ce camp devenait pérenne,  toute cette installation pourrait rester dans un local (tel une dispensaire, l'ancienne salle informatique de Chimding etc...) et les dentistes de passage d'EPICEA, dentistes venus pour un trek, dentiste népalais, auraient le matériel de base pour dispenser leurs soins et auraient beaucoup  moins de produits à apporter.

- Condition absolue : une personne doit avoir la 'responsabilité' de l'entretien de ce matériel et de sa conservation en bon état de marche.

- Et le budget ? pour ma part je pense qu'il faut obtenir le maximum de gratuité et de dons, peut-être faire accepter aux praticiens népalais de ne pas être rétribués (juste prise en charge du transport et du logement), impliquer des habitants locaux .

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